03/02/2012

Les contes d'Etten

Personnage excentrique dans ses heures les moins perdues, Etten, de son vrai nom Eleni Tzavara, a de quoi marquer les esprits dès son premier album intitulé longuement I Know You're Behind Me But I'm Not Scared (voilà sorti il y a déjà plus de deux ans). La Grecque n'est en fait pas si inconnue que ça puisqu'elle est signée chez Undo Records.

D'une voix singulière, Etten explore des facettes étranges de la pop avec un but pourtant simple : au fil de sonorités décalées, chaque titre égrène subtilement ses fantaisies mystiques et hallucinogènes. Des mélodies pulvérulentes dispersent des jets vaporeux corrosifs et ténus qui ne demandent qu'à être absorbés à la première écoute : les effets se font ressentir immédiatement. Et c'est là que les incantations surréalistes invoquées par Etten prennent alors tous leurs sens et finissent par enchanter. Il est donc normal qu'Etten suit jusqu'au bout cette logique dans son unique vidéo : plus qu'étrange, le chlorophyllien "20.45 Sling" met en scène l'élimination pure et simple de deux plantes, sur les conseils bien avisés d'Etten. Cela illustre en fin de compte assez bien l'empoisonnement induit par ce titre mais les faibles doses des vrombissements des basses ne sont pas pour autant fatales. De la mithridatisation en quelque sorte.


Ce que pratique Etten s'apparente à de la pop alternative vertigineuse voire expérimentale si bien qu'un morceau n'est pas suffisant pour abriter son esthétisme - que l'on voit d'ailleurs au livret-même : elle le tord à travers des riches textures à la fois synthétiques et acoustiques et l'incorpore dans chaque titre ce qui reflète l’éclectisme de l'album : on passe avec aisance du sémillant "Bubble Factory" sur lequel une danse corrompue est tout à fait possible à l'atmosphérique et délicat "Northern Lights".

Etten - Northern Lights

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