06/03/2013

Clockwork Orchestra | Friends Without Names

Ne pas penser de cette pochette - une radiographie d'animaux comme envoûtés autour d'un feu - que Friends Without Names ne dispose d’une bonne dose d'innocence fait passer à côté de l'objectif de l'album ainsi que l'écoute qui suit par la même occasion. C'est en partie vrai puisque Clockwork Orchestra en distille au gré d'histoires aussi farfelues les unes que les autres. Mais cela serait trop simple : l'Irlandais y décline son expérience personnelle sous diverses sensibilités, principalement une naïveté exacerbée. Il fait ça de manière indirecte : il transpose le musicien qu'il est en écrivain en manque d'inspiration dans "The Book That Won't Be Read". Il fait ça aussi de manière excentrique : il ose appeler un titre "Strawberries And Blueberries" (réarrangement de feu "Heaven Or Helsinki"). De manière étrange aussi en invoquant des squelettes ("Skeleton Skeleton"). Quand il choisit de partager, il ne se prive de rien.

En bon saltimbanque, Paul Mangan jongle entre ses jouets électroniques dépassés et des instruments traditionnels. Et un équilibre savamment calibré fait son œuvre, à base de mélodies aussi incisives que divagantes. Ce qu'il fait n'est pas un genre nouveau : il exploite tout ce qu’offre de bon la pop que l'Irlandais a revigoré par l'utilisation débridée du 8-bit : en quelque sorte, il redonne vie à des airs vieillots tirés de fête foraine certes d'apparence macabre et désormais tombés dans l'oubli. C'est dans cet environnement que s'anime une voix tremblante dans "Metamorphosis", que "Accident" et "Paper Purse" effleurent la frontière de l'expérimental sans le heurter, que le dynamisme de "Zebedee" et la frénésie de "Black Ice" rendent ces morceaux instantanés, rappelant au passage qu'il fournit aussi les musiques de bal. Tout n'est question que de greffe, après tout.

La contre-partie regrettable de ce bouillonnement s'illustre dans la cohésion générale : cette dernière pâtit fortement du manque d'enchaînement naturel qui lie les titres, rôle néanmoins dévolues aux pistes instrumentales. Car, sous les airs baroques de l'ensemble, ces dernières, "As The Whirligig Spins" et "Mummer", servies de mélodies ciselées, délicates et d'une autre dimension, forment la synthèse finale de  cette association sonore improbable et réussie : la progression avec grâce de la mélodie de "Mummer" rend compte de la poésie habitant les histoires de Clockwork Orchestra. Tout en s'amusant, bien évidemment.

L'album est en écoute (et à acheter en physique) sur la page bandcamp de l'artiste.

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